Jean Calvin, le grand Réformateur, avait au XVIe siècle attribué, à ceux et celles qui avaient honte d’afficher clairement leur foi en plein jour, le nom de « Nicodémites ».

Il leur reprochait de jouer un double jeu, de pratiquer un double langage, comme l’avait fait pour un temps Nicodème qui vint voir Jésus de nuit et non de jour. Quelques siècles plus tard, à la suite de la Guerre des Camisards, la dernière guerre de religion en France opposant Protestants (opiniâtres) et Catholiques romains (persécuteurs), le terme de « Nicodémite » resurgit. Un certain nombre de protestants, fatigués de lutter pour la vérité, réintégrèrent alors peu à peu l’Église romaine par le jeu des compromissions et de l’influence de la cour. Ils se soumirent afin de défendre leurs droits propres et leurs intérêts plutôt que ceux de Dieu et des Saintes Écritures.
Les Nicodémites ! Cela ne vous dit-il pas quelque chose ? On peut aujourd’hui que trop souvent les rencontrer : dans les milieux académiques, politiques, artistiques et dans toutes les zones d’influence où nous devons affronter les tiraillements que subit la foi, aguichée par le désir de plaire aux hommes. Elites chrétiennes, postes à responsabilité, réseaux d’amis et collègues de travail, la foi dérange. Notre attachement à Jésus-Christ devient alors prisonnier de l’avis des hommes, du climat du monde et de la vérité subjective ! Ne pas juger l’autre, tolérer l’intolérable, aimer son prochain aux dépens de la liberté de lui dire la vérité : se cacher. Voilà à quoi correspond le Nicodémisme : garder sa foi cachée dans la sphère privée sans être amené à la proclamer publiquement.
C’est de ce danger que nous avertit le Seigneur en Matthieu 10.32 : « C’est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux. » Une parole qui nous transperce autant qu’elle nous rassure, en fonction de la position où nous nous trouvons et de notre obéissance au Christ : aussi bien dans nos études, notre travail, notre poste ecclésial où dans notre recherche d’emploi. N’ayons pas honte de confesser publiquement le Nom qui est au-dessus de tout Nom, celui de Jésus-Christ !
Heureusement pour nous, Nicodème n’est pas toujours resté dans ce silence ; il a cherché plus tard à défendre Jésus lorsqu’il en eut l’occasion, à savoir lorsqu’il prononça ces paroles devant le Sanhédrin : « Notre loi juge-t-elle l’homme avant de l’avoir entendu et d’avoir connu ce qu’il fait ? », cherchant ainsi à faire usage de son poste de docteur de la loi et de son influence auprès des « siens ». On lui répondit bien rapidement, telle une piqûre dans le cœur, par la question : « Es-tu aussi Galiléen ? » En fait : « Es-tu aussi l’un des Siens ? Es-tu, toi aussi, Chrétien ? » La transparence de sa foi n’a pu pleinement paraître en ce moment-là, ce n’était pas encore son temps ; car, oui, notre Dieu, plein d’amour et de vérité, nous laisse du temps. Il nous donnera des occasions pour Le glorifier.
Prenons cependant garde que ce temps ne soit pas trop long. Car ce même Nicodème a dû, lui aussi, surmonter sa plus grande crainte, son souci de s’adapter à son milieu, lorsqu’il a su glorifier Dieu en un moment fort important, celui de l’achat des aromates ou peut-être même d’un tombeau pour l’ensevelissement de Jésus-Christ. C’est au tombeau vide, que tous reconnaîtront trois jours plus tard, le Christ ressuscité, le Fils de Dieu libéré des liens de la mort ! Qu’en est-il de Nicodème ? En vue d’un tel fruit, il devait certainement être [secrètement], lui aussi, né de nouveau. Mais cette fois, de manière triomphante, il témoigne sûrement [publiquement] de cette naissance nouvelle. Il est libéré de ses craintes ! Il porte enfin son nom avec éclat, Nicodème, nom dont le sens n’est autre que « Vainqueur du peuple ».
Nicodémite, mon frère, sache que si Christ vit en toi, le Père te donnera des occasions de Le glorifier et, en conséquence, de te libérer. N’attends pas trop longtemps. Sa venue est proche et plus certaine que l’aurore. Pour ce qui en est des milieux évangéliques, manifestons de la prudence en rejetant, de la manière la plus catégorique, cet esprit du Nicodémisme importé parmi nous par quelques nouveaux libéraux-évangéliques… qui font honte à la foi chrétienne.
Ne devenons pas, à petit feu, semblable à cette EPUF (Église Protestante Unie de France) exemple d’un avertissement visible de Dieu pour nous. Nous, qui cherchons à défendre la foi de la Réforme, l’EPUF cherche, quant à elle, exclure l’enseignement de « ses pères », rejetant pour la grande majorité aujourd’hui, tout ce qui fut jadis, sa force. Suivons le conseil de Jude. Ayons, nous aussi, ces sentiments « mêlés de pitié et de crainte, haïssant jusqu’à la tunique souillée par la chair », ce qui nous conduira à prier pour le réveil de France !
De la même manière que l’EPUF a réagi à ses propres réformateurs, que dirait un Douglas Scott, s’il voyait les décisions prises au sommet par les dirigeants des ADD (Assemblées de Dieu) ? Ne cèdent-ils pas ainsi de plus en plus à l’attraction si dangereuse de l’Eglise Romaine ? Notre Credo à nous n’a pas changé. Il reste le même qu’au temps des Apôtres ! Prenons-en bien soin ; demeurons fermes et veillons !
Imbernon Olivier