En charge depuis sept années de l’association OSER EN PARLER qui aide les personnes en mal-être dans leurs problématiques sexuelles, je veux dire ma désolation devant…
…la séquence de l’émission récente de France 5, où l’on délivre un jeune homosexuel de son homosexualité, en
chassant tout bonnement et simplement "son esprit d’homosexualité", et ce avec violence. Je crois aux exorcismes, j’en ai déjà effectué, mais je lutte contre certains ministères de
délivrance qui ne voient derrière l’homosexualité qu’un démon, une puissance maligne. Certains me l’ont affirmé : "L’homosexualité c’est diabolique, il faut toujours chasser le démon
sinon on n’a pas de résultat".
Eh bien non, l’homosexualité n’est pas un démon, mais un ensemble d’attirances et de pulsions sentimentales et sexuelles envers les personnes du même sexe. Chasser les esprits "à tout va", c’est laisser croire à tous ces jeunes homosexuels qu’ils sont possédés, et ensuite que deviennent-ils.
J’en ai récupéré plusieurs qui sont venus vers moi après ces séances d’exorcisme (qui sont souvent liées à de l’homophobie larvée et sous-jacente) : ils avaient envie de se suicider. «J’ai tenu une semaine, puis mon homosexualité est revenue au galop, j’ai eu envie de me tuer, Dieu ne m’a pas délivré, j’arrête tout, je débranche» me disaient ces jeunes. Je me suis occupé d’eux, je les ai aidés, écoutés, considérés, apaisés.
Il y a plusieurs années j’ai écrit à une femme ayant un ministère de délivrance en France, qui chassait à tort et à travers des esprits d’homosexualité dans ses réunions publiques, je l’ai mise en garde, mais je n’ai jamais eu de réponse ! Elle priait au micro contre les esprits d’homosexualité, les jeunes ressortaient cassés, anéantis et me contactaient ensuite.
Je suis déçu de ces ministères de délivrance qui auraient surtout besoin – et en complément de leur ministère – de suivre une formation à la relation d’aide, à l’écoute, et d’avoir également des bases importantes en psychologie.
J’aimerais, pour terminer, demander aux personnes ayant des attirances homosexuelles, et qui ont été choquées et broyées par cette séquence de l’émission, de bien vouloir pardonner. Le manque de formation est beaucoup à incriminer.
Philippe Auzenet, Pasteur
Resp. de «Oser En
Parler»