Fils aîné du Cheikh Hassan Youssef, l’un des sept fondateurs du Hamas, Mosab Hassan Yousef, est aujourd’hui, contre toute attente, un véritable «disciple de
Jésus». Dans son livre-témoignage «Le Prince Vert» (Editions Denoël), il nous raconte son parcours improbable et nous apporte un regard tout aussi exceptionnel que politiquement incorrect sur
le conflit Israëlo-palestinien.
«J’aurais pu faire la fierté des miens. Je savais quel type de héros ils voulaient : un combattant qui vouerait sa vie et sa famille à la cause d’une nation. Et
même si j’étais tué, on se serait transmis ma légende, de génération en génération, éprouvant pour moi une reconnaissance éternelle. (…) Il m’a été donné de voir des choses auxquelles nul ne
devrait jamais assister : la misère abjecte, l’abus de pouvoir, la torture et la mort. J’ai été le témoin des arrangements en coulisse entre les principaux dirigeants du Moyen-Orient, ceux qui
font la UNE des journaux aux quatre coins de la planète».
C’est par ces quelques mots que Mosab Hassan Yousef, né à Ramallah, dans l’une des «familles les plus pieuses du Moyen-Orient», nous introduit dans son univers
complexe, celui d’un «fils de l’Islam», «rejeton d’un homme accusé de terrorisme». Surnommé «Le Prince Vert», il était hautement respecté et avait la confiance «des plus hautes sphères du
Hamas». Autant dire que sa destinée était toute tracée…
Lorsqu’il a embrassé l’Islam, son père était un «musulman modéré». D’ailleurs, personne n’aurait «imaginé qu’il se trouverait un jour aux antipodes de ses idéaux
de départ (…) Mon père a voulu mener l’existence d’un musulman exemplaire. (…) Toutefois, j’ai vu mon père en proie à un conflit intérieur irrationnel. D’un côté, il ne jugeait pas coupable les
musulmans qui tuaient indistinctement des Israéliens, des soldats, des femmes et des enfants, car Allah, selon lui, les autorisaient à agir de la sorte… et de l’autre côté, il aurait été
personnellement incapable de faire comme eux». Aujourd’hui, avec le recul, Mosab en est convaincu, aussi choquant que cela puisse nous paraître : «Le musulman modéré est plus dangereux que le
fondamentaliste. D’abord, il semble inoffensif. Ensuite, il gravit les échelons à l’insu de tous». Un peu à l’image d’un Mohamed Merah, dont la violence meurtrière se serait déclenchée
brutalement, provoquant l’incompréhension de son entourage. D’ailleurs, «la plupart des auteurs d’attentats suicides ont été des modérés», insiste-t-il encore.
Enfant, Mosab suivra l’exemple de son père et manifestera une haine profonde à l’encontre du peuple juif. En 1990, lorsque Saddam Hussein a envahi le Koweït, il
confie qu’ils ont «salué par des cris de joie, chaque alerte» à la bombe qui retentissait en Israël. «Nous sommes même montés sur le toit, poursuit-il, dans l’espoir d’apercevoir les Scud
Irakiens embraser Tel-Aviv. (…) Sur le toit de mon oncle, nous avons aperçu notre premier missile… quelle vision délicieuse….». Mais au final, à leur grande déception, la quarantaine de Scud
qui avaient frappé Israël n’auront tué que deux israéliens.
Agent “double” pour les services secrets israéliens
Quelques années plus tard, en 1993, son père n’a pas approuvé la déclaration de principes, conduisant à la création de l’Autorité Palestinienne (AP), car «il ne
croyait pas un instant au processus de paix», explique-t-il, avant de rajouter que «certains dirigeants du Hamas s’y opposaient pour d’autres raisons, notamment la crainte d’un succès de
l’accord de paix ! Toute coexistence pacifique aurait signé la fin du Hamas. Dans un climat de paix, l’organisation n’avait pas la moindre chance de se développer. Les attentats ont donc
continué…». En refusant la paix, mais plus encore, en «islamisant la question palestinienne», le Hamas a considérablement envenimé le conflit. Tandis que «l’OLP posait juste un problème
politique, le Hamas en a fait un problème religieux, n’admettant qu’une solution religieuse, autant dire aucune solution, puisque ces terres appartenaient, selon nous, à Allah. Point final, pas
de discussion». Mosab commence alors à prendre conscience que «le problème ne résidait pas dans la politique d’Israël», mais bel et bien dans l’instrumentalisation du conflit par le Hamas et
dans son rejet «de l’existence même de l’Etat-nation israélien».
Et le Hamas ne se contente pas de vouloir éradiquer Israël. Cette organisation terroriste fait régner la terreur en interne. Dans la prison, «chaque jour, il y
avait des cris, chaque soir, des supplices. Le Hamas torturait ses propres membres»… des scènes d’horreur qui vont perturber Mosab. Comme il le témoigne lui-même : «J’avais beau retourner cela
dans tous les sens, je n’y trouvais pas la moindre justification. (…) C’était ça le Hamas ? C’était ça l’Islam ?».
Des années plus tard, lorsqu’il se verra offrir un Nouveau Testament, Mosab est interpellé par ce qu’il lit. «Chacune des paroles de Jésus m’apparaissaient
parfaitement limpides. Littéralement ébloui, j’ai fondu en larmes»… impacté par l’œuvre du Christ, son «échelle de valeurs s’est brusquement transformée». Et c’est finalement «l’hypocrisie»
qu’il verra autour de lui, qui accélèrera sa «prise de distance par rapport à la religion musulmane». Une hypocrisie qu’il dénonce sans mâcher ses mots : «L’Islam enseigne que les serviteurs
dévoués à Allah, accédant au statut de martyr, vont tout droit au paradis. Or, n’importe quelle victime des Israéliens passait pour un glorieux martyr, qu’il s’agisse d’un musulman ordinaire,
d’un communiste ou d’un athée. Imams et Cheiks ne manquent jamais de rassurer les familles : ‘’votre bien aimé est au paradis’’. (…) Les dirigeants islamiques ont bercé la
population de mensonges pour mieux lui faire oublier tout le mal qu’ils lui faisaient».
Dans son livre passionnant, Mosab Hassan Yousef raconte également, en détail, comment il a été enrôlé par les services secrets israéliens, devenant ainsi un agent
«double» au sein du Hamas durant de nombreuses années. Il vit aujourd’hui en Californie et espère que son ouvrage aidera «à faire comprendre à [son] propre peuple, les fidèles musulmans
palestiniens qui se font exploiter par des régimes corrompus depuis des siècles, que la vérité peut le libérer».
Paul OHLOTT
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