Source : Samuel Bastide, "Pages d'histoire protestante" (Extraits)
Aux XIe et XIIe siècles la tour de Crest vit partir les paysans du Dauphiné avec leurs Seigneurs à l'appel du pape Urbain II pour les grandes Croisades. Au cri de "Dieu le veut", ils allaient la croix rouge sur la poitrine et l'épée au poing, semer de 6 millions de cadavres la Palestine dans l'idée puérile d'arracher aux infdèles le tombeau vide du Sauveur, sans autres résultat que les haines et la rudesse des moeurs. Les conséquences ne se firent pas attendre. Au XIIe siècle eut lieu l'horrible tuerie nommée Croisade des Albigeois. On les appelait Cathares c'est-à-dire purs.L'évangile était leur règle de vie. Le pape Innocent III décida leur extermination en 1208
.Il en chargea le fanatique Simon de Montfort. Crest investie par lui à deux reprises en 1212 et 1217 dut enfin capituleret la population fut anéantie. Les Albigeois étaient nombreux dans le midi. Leur centre était Albi, d'où le nom qui les désignait. " Tuez-les-tous, Dieu reconnaîtra ceux qui sont siens", proclamait le légat papal en commandant le massacre de Béziers. Sept mille victimes réfugiées dans l'église de la Madeleine y furent égorgées et brûlées. Les croisés couvrirent la ville de ruines fumantes, encombrées de milliers de cadavres.
Le massacre de Béziers
Le pape Grégoire IX institua l'inquisition pour achever ces prétendus hérétiques. Les tortures les plus inouies, firent trembler tout le midi. On brûla, on supplicia jusqu'à affoler la population. Personne ne se présentant pour partager avec lui la peu glorieuse conquête, Simon de Montfort accepta la possession des terres que le Pape offrait au vainqueur pour le prix de ses services.
Le vicomte Raymond VI de Toulouse, refusant de persécuter ses sujets fut excommunié. Carcassonne où il s'était enfermé le 1er août 1209 fut cerné par les croisés. Leur armée de plusieurs milliers d'hommes s'en empara et la pilla de fond en comble. La population fut massacrée. Le Vicomte fut arrêté traîtreusement et dut se soumettre. Simon de Montfort triomphait par le pillage et le crime, mais le midi était ruiné. La victoire ne profita pas longtemps au persécuteur. Le lendemain de la Saint Jean 1218 il fut tué au siège de Toulouse. Les habitants ayant rappelé leur Seigneur, Simon de Montfort avait décidé de s'emparer de la ville. On affirme qu'il fut atteint par un boulet de pierre lancé par une humble femme avec un mangonneau (*). Son fils Amaury incapable de défendre le domaine maternel, l'offrit au roi de France,Philippe Auguste.
Les tortionnaires du Saint Office finirent par soulever l'indignation générale. En 1421, la foule se jeta sur les cachots de l'inquisition à Carcassonne pour en délivrés les emmurés. Mais le Catharisme avait été frappé à mort et ne se releva pas. Cependant, il resta au fond des coeurs un grand amourde la Vérité qui devait se faire jour à la première occasion.
Les Vaudois allaient reprendre l'oeuvre détruite.
(*) Le terme mangonneau (dérivé du mot Greco-latin manganon, qui signifie "machine de guerre"[1],[2]) désigne un engin militaire offensif à contrepoids fixe de l'époque médiévale, une sorte de catapulte, un engin de siège utilisé pour lancer des projectiles contre les murs des châteaux forts, très proche du trébuchet.