
"Dans les bois , dans les grottes c'est une pauvre troupe
qui erre, se cache, paysans, laboureurs, bergers,
vieillards, femmes et enfants de nos Cévennes........
La religion revenait à ses origines du 1er siècle et, avec Saint-Paul, pouvait dire:
"Dieu a choisi les choses qu'on méprise et celles qui ne sont point pour confondre celles qui sont".Mais la prodigieuse apparition des prophètes cévenols a seule été capable de ranimer
l'énergie défaillante des protestants d'alors". (E.Doumergue).
Et que dire de" l'énergie défaillante" des Eglises d'aujourd'hui ? de la mondanité des uns, du rationalisme des autres?, de l'indifférence du plus grand nombre, des temples qui se
vident?.....
Il est grand temps de demander à Dieu, dans la foi et la repentance, un puissant baptême d'Esprit et de feu qui ramènera l'amour et le zèle dans nos lieux de culte cévenols, et ailleurs, comme
aussi la puissance des manifestations surnaturelles de l'Esprit, qui soutenaient nos camisards.
Jacques Bresson, de Brignon, entre Nimes et Alès.
" J'ai vu dans les cévennes un grand nombre de personnes qui recevaient des inspirations. Je suis persuadé que j'en ai vu autour de quatre à cinq cents, soit dans les diverses assemblées,
soit ailleurs.
Comme il y avait quantité de ces inspirés dans mon voisinage, et de ma connaissance particulière, j'ai eu souvent l'occasion de me rencontrer avec eux quand ils tombaient dans leurs
extases. Ils parlaient toujours français dans le temps de l'extase. Il y avait beaucoup d'enfants de 7 à 8 ans. Mais je ferai une mention particulière d'un enfant de 3 ans, que j'ai vu
quatre à cinq fois dans les agitations, pendant l'inspiration. Il parlait distinctement assez haut, en bon français et faisait des exhortations fort touchantes.(Le lecteur tiendra compte du fait
que, seul le patois était le langage courant d'alors, chez les paysans des cévennes.)
J'ai été plusieurs fois témoin que ceux qui avaient reçu les grâces s'occupaient beaucoup, entre autres bonnes choses, à faire réconcilier ceux qui vivaient mal ensemble:
C'était un de leurs premiers soins. Et tout le monde voyait que ce qu'ils faisaient et disaient
tendait toujours au bien et en produisait".
Abraham Mazel nous parle de son arrestation et de son évasion de la tour de Constance:
" Je fus pris par les Miquelets et conduit à la citadelle de Montpellier, j'avouai naïvement
tout quand on m'interrogea. Mes juges se moquèrent de moi; Ils me disaient que j'avais fait des merveilles et que je n'avais qu'à me préparer aux plus rudes supplices.
Mais je ne les craignais pas du tout, ayant été averti plus d'une fois par L'Esprit que
j'échapperais de leurs mains. Cependant, Dieu fit agir d'un côté le Lieutenant-général Lalande. D'un autre côté, il mit au coeur d'un prêtre, à qui j'avais sauvé
la vie, de solliciter fortement ma grâce. Par les entremises de ces deux organes de la Providence, je fus seulement condamné à une prison perpétuelle dans la fameuse Tour De
Constance.
Quelques jours après qu'ont m'eût mis dans ce lieu fatal, L'Esprit me dit par inspiration
que j'en sortirais, et sur quelques doutes de mon infirmité, Il redoubla ses saintes promesses.
A quelques jours de là Dieu me mit à coeur de percer la muraille. Les murs ont 6 mètres
d'épaisseurs, nous étions au second étage à cent pieds de hauteur du terrain, je n'avais pas
d'outils, il y avait 33 autres prisonniers avec moi dans la même chambre; il falllait ou gagner tous ces gens-là, et les trouver fidèles, ou être accusé par quelqu'un d'entre eux, et il fallait
des cordes pour descendre.
En bas, il y avait de hautes murailles à escalader, des sentinelles à éviter, de grands marais
pleins d'eau à traverser, et après tout cela ne savoir où prendre du pain, ni où se retirer.
Mais avec l'assistance de Dieu, je surmontai tous ces obstacles, après 7 ou 8 mois de travail.
Seize de mes compagnons me suivirent, les dix-sept autres manquèrent de courage. Le duc de Berwick ayant appris mon aventure, eut ses raisons pour faire publier que tous mes
péchés me seraient pardonnés si je voulais sortir du royaume. Et sur ces entrefaites, comme il me fut rapporté que le frère Elie Marion était à Montpellier, prêt à partir pour
Genève, après avoir traité une seconde fois, j'acceptai l'amnistie et nous vînmes sous bonne escorte, avec plusieurs autre frères, à Genève, en Suisse. Et me voici, grâce à Dieu, en paix,
toujours bénignement visité par les inspirations de son bon Esprit, et vivant en ferme espérance fondée sur la vérité de ses promesses, qui sont infaillibles".
Elie Marion, nous a encore laissé cet autre témoignage:
"Au commencement de 1703, le Maréchal de Montrevel monta dans nos Hautes-Cévennes
pour brûler et saccager tout. Alors, comme nous étions dans une Assemblée, le frère La Veille, qui avait un grand don de prédication, fut saisi pat l'Esprit et
dit, sous l'opération, que notre ennemi n'exécuterait pas ce qu'il avait entrepris, mais qu'il serait obligé, dans 3 jours, de descendre plus vite qu'il n'était monté. En effet, le dimanche
suivant, dès le matin et précisément 3 jours après l'avertissement donné au frère La Veille, plusieurs exprès furent dépéchés au Maréchal pour lui faire savoir qu'il y avait des
vaisseaux anglais proches de la côte, afin qu'il se hâtât de revenir avec ses troupes. Nos soldats interceptèrent une de ces lettres que j'ai lue".
Un traitre démasqué ( Récit de Marion).
"Comme j'étais dans le village de Ferrières proche de Barre, vers le Mois de Mai 1703, je fus soudainement saisi de l'Esprit qui me fit dire:" Je t'assure mon enfant, qu'il y a un homme qui est
allé tout présentement chez un de tes ennemis, avec qui il parle pour te livrer.
Le lieu de la demeure de cet homme est de ton côté gauche, et il sera demain des premiers à l'Assemblée. Je te le ferai connaître".
Sur le champ, l' Esprit me fit voir cet homme, se promenant avec le sieur Campredon, subdélégué de l' intendant à Barre, comme si j'avais été dans la même chambre avec
eux. Je les voyais et j'entendais tout ce qu'ils disaient, distinctement et facilement, comme on le peut juger, puisque nous étions tous trois ensemble dans le
même lieu. Je voyais même la femme de
M.Campredon qui allait et venait, se mêlant quelquefois dans la conversation. Campredon s'informa de moi au paysan, et du frère La
Valette, qui était notre ministre et principal prédicateur, lui disant que si on nous pouvait saisir tous deux, ce serait un des meilleurs moyens de rétablir la tranquillité dans
le pays. Le subdélégué disait aussi au paysan:
Tu te feras des amis, M. l'intendant te récompensera et M. le maréchal de
Montrevel aussi, tu peux compter sur cela; et en mon particulier, je te donnerai dix écus comptant et je te ferai gagner ton procès. Le paysan, consentant à tout cela, ajouta qu'il irait
le lendemain à l'assemblée et qu'à l'issue de ladite assemblée il nous suivrait, le frère La Valette et moi, pour s'assurer du lieu de notre retraite; et qu'il en
avertirait ledit Campredon afin qu'il nous fit saisir.
Après l'opération de l'Esprit, je racontai au frère La Valette ce que j'avais vu et qui me frappa si fort que j'en ai présentement l'idée comme le jour même; je lui
dépeignis l'homme, ses habits, sa taille son âge et son visage, et il conjectura juste, comme on le verra tout à l'heure.
Le lendemain, l'assemblée se fit (ce fut à Aubaret, à une lieue de Barre), et comme on chantait un psaume, l'Esprit me saisit soudainement et me fit prononcer à haute voix que celui qui nous
avait vendus était entré dans l'assemblée. Il me fit répéter tout haut aussi, en présence du traître,l'entretien qu'il avait eu le jour précédent avec M. le subdélégué. Et, après que je fus
revenu dans mon état naturel, mes yeux se portèrent sur le faux-frère. Je le connu par l'idée que j'en avais reçue dans la vision, et il était devenu si pâle, dans le temps que l'Esprit me
faisait raconter son histoire, que toute l'assemblée l'avait soupçonné.
Comme il ne m'avait pas été ordonné de le faire arrêter, je me proposai seulement de lui reprocher son crime et de lui faire quelques exhortations, après que l'assemblée se serait séparée.
Enfant Prophète ( Autre récit de Marion).
M.S. du voisinage de Florac m'a dit qu'il avait une fois rencontré dans un coin d'étable une petite fille d'un de ses voisins, de 7 à 8 ans, qui priait Dieu en pleurant. Il lui demanda ce qu'elle
avait:
Elle répondit qu'elle ne savait où aller, parce que son père la battait quand elle avait des inspirations, mais qu'elle voulait pourtant toujours prier Dieu. M.S. fort ému de cela, dit à la
petite fille qu'elle n'avait qu'à venir dans sa maison quand elle sentirait les premières émotions.
Elle le fit, et M.S. fut tellement touché des inspirations qu'elle reçut chez lui, et en général
de l'état de cette petite fille, qu'il fut convaincu, lui et toute sa famille.
Le chef Cavalier reçoit l'ordre de purifier sa troupe.
Il reçut l'ordre, par ses propres inspirations et par celles de plusieurs autres, d'administrer la Sainte-Cène. Alors le frère Cavalier, se tenant debout au milieu de la troupe,
ceux de la troupe s'approchaient de lui par douzaines environ, et se jetaient à genoux devant Dieu, pour recevoir la déclaration qui leur serait faite par son serviteur. Il les regardait
attentivement, et l'Esprit lui donnait à connaître ceux qui n'étaient pas préparés encore. Ils les faisaient mettre à part, en leur témoignant qu'ils seraient reçus une autre fois, lorsqu'ils
seraient en état. Et ceux qui étaient admis, il leur adressait une exhortation convenable.Tant ceux qui étaient reçus, que ceux qui étaient renvoyés à un autre temps, s'allaient mettre encore en
prière.
La Sainte-Cène se donnait et se recevait avec un zèle si grand, que je ne pourrais l'exprimer: On voyait une humiliation profonde et des visages mouillés de larmes de repentance et de joie
tout ensemble.Dieu était là et son Esprit y était répandu. Ceux qui n'ont pas été témoins d'un pareil spectacle et qui sont prévenus par des idées qui ne sont pas justes, ne sont pas
capables de juger d'une chose si sainte et si admirable.
Enfin, pour terminer, nous citerons la conversion remarquable du chef camisard Durand Fage, d'Aubais, près de Sommières. "Au commencement de Février, j'eus l'occasion d'aller à
Grand-Gallargues; et une fille de 23 ans, Marguerite Bolle, ma parente, étant tombée en extase dans la maison où j'étais, dit entre autres choses, en ma présence, que l'épée que je portais alors
contre les camisards servirait contre les ennemis de la Vérité. On souhaita que je fisse quelques lectures de piété et comme je prononçais ces paroles:"augmente-nous la foi", je sentis tout d'un
coup un fardeau sur ma poitrine, qui m'arrêta pour un moment la respiration. En même temps des ruisseaux de larmes coulèrent de mes yeux et il me fut impossible de parler davantage. Je demeurai
pendant une heure et demi en cet état; la jeune fille ayant reçu une nouvelle inspiration, dit que je pleurais pour mes péchés, ce qui était vrai. Ma langue et mes lèvres furent subitement
forcées de prononcer avec véhémence, des paroles que je fus tout étonné d'entendre. Les choses que je dis furent principalement des exhortations à la repentance. Pendant les quinze jours qui
suivirent, mon esprit s'élevait perpétuellement à Dieu. Les divertissements ordinaires de la jeunesse me parurent non seulement méprisables, mais ils me
devinrent insupportables.
L'idée de mes péchés occupait incessamment mon esprit, et c'est ce qui me causait tant de sanglots et de tressaillements.
Je reçus trois semaines après, dans une seconde inspiration, des consolations infiniment
douces, qui donnèrent à mon esprit une tranquillité et un contentement secret qui, jusque-là, m'avait été inconnu. Quand mon père et ma mère apprirent que Dieu avait daigné me visiter de ses
grâces, ils en eurent une grande joie....".