Annus horribilis pour la production de miel en France. Les abeilles, encore moins nombreuses et très affaiblies par le printemps tardif, ont nettement moins butiné cette saison. «Nous nous acheminons cette année vers la plus mauvaise récolte de miel jamais connue dans le pays. Nous devrions produire entre 7000 et 8000 tonnes, soit moitié moins qu'en 2015», déplore Thierry Dufresne, président de l'Observatoire français d'apidologie, lui-même apiculteur dans le Var. L'an dernier, le cru avait été exceptionnel grâce un climat ensoleillé et chaud permettant plusieurs floraisons.
Davantage d'importations
Outre les effets de la météo, «le fait que les cultures de tournesol ou de colza soient en diminution dans l'Hexagone a aussi joué, précise Philippe Lecompte, apiculteur bio professionnel et président du Réseau biodiversité pour les abeilles. Car ce type de cultures assure en moyenne les deux tiers de la production annuelle de miel français». S'y ajoutent l'effet néfaste de certains pesticides, comme les néonicotinoïdes (interdits dès 2018), et l'arrivée de prédateurs plus nombreux comme le frelon asiatique ou le varroa (un acarien).
«Pour compenser ces moindres volumes, les transformateurs devront importer davantage sur un marché en croissance de 3% à 4%», note Vincent Michaud, président du groupe du même nom, leader européen du miel. Et ce alors que les trois quarts du miel consommé en France sont déjà importés. Vraisemblablement, les tarifs vont aussi augmenter pour des consommateurs de plus en plus nombreux. «Le miel représente désormais 60% des ventes du rayon confitures des grandes surfaces, contre 20% il y a vingt ans», précise Vincent Michaud.