Al-Maghtas, en Jordanie: Pendant des années, les pèlerins chrétiens ont pataugé dans le Jourdain à partir de ses deux rives orientales et occidentales afin de se connecter à un événement central de leur foi le baptême de Jésus. Il y a donc des traditions parallèles autorisés en Jordanie comme en Israël sans que cela ne rentre en concurrence dans une course prolifique pour les dollars du tourisme.
Pourtant, il y a bel et bien une commercialisation sur l’un des sites les plus importants de la chrétienté.
L’UNESCO envenime la situation
Mais maintenant, l’UNESCO a pesé sur cette rivalité, en désignant la zone légitime du baptême sur la rive orientale. Les rives jordaniennes sont devenus un site du patrimoine mondial. L’agence culturelle des Nations unies a déclaré que le site “est considéré comme l’emplacement même du baptême de Jésus, selon la plupart des églises chrétiennes.”
La décision a attiré des acclamations en Jordanie, où le nombre de touristes a fortement chuté depuis le Printemps arabe de 2011 et la montée du groupe de l’Etat islamique. Israël a gardé le silence tandis qu’un responsable palestinien a soutenu que le site du baptême serait plutôt dans la zone occupée par Israël. Mais cette décision de l’UNESCO a surtout soulevé les interrogations chez les experts.
Une conclusion sans la moindre preuve
Cela “n’a rien à voir avec la réalité archéologique”, a déclaré Jodi Magness, un archéologue de l’Université de Caroline du Nord. “Nous ne disposons pas sur ces sites de preuves ou des vestiges archéologiques qui pourraient confirmer ce choix.”
Les experts qui ont examiné la demande jordanienne à l’UNESCO ont également reconnu qu’il n’y avait aucune preuve archéologique solide confirmant que Béthanie soit connu sous le nom d’al-Maghtas.
Les experts ont tout de même conclu dans leur recommandation que le site jordanien est d’une immense signification religieuse pour la majorité des confessions de foi chrétienne. Le baptême de Jésus est racontée dans un passage du Nouveau Testament Jean 1:28: “Ces choses ont été faites à Béthanie au-delà du Jourdain, où Jean baptisait”.
Mais que peut bien désigner le mot au-delà du Jourdain pour que l’UNESCO ne valide qu’une seule version ?
Quand les palestiniens eux-mêmes s’offusquent !
Le débat sur le site du baptême arrive à un moment de crise régionale, y compris avec la menace croissante de militants islamistes qui ont déjà détruit des sites anciens.
Le ministre du tourisme de Jordanie, Nayef al-Fayez, a déclaré à l’UNESCO que la Jordanie envoie un message de tolérance: “Les Hachémites sont les descendants directs du prophète Mahomet … et sont les mêmes qui peuvent protèger l’un des sites les plus sacrés du christianisme.”
Le site palestinien, connu sous le nom de Qasr al-Yahud déclare: “C’est faux! Le site du baptême est dans une partie de la Cisjordanie sous occupation militaire israélienne.”
Cela profiterait aux Palestiniens si jamais ils avaient un Etat que d’être déclaré patrimoine historique de l’humanité mais bouleverserait toutefois leurs liens avec leur allié de Jordanie.
Un haut responsable palestinien du Ministère du Tourisme, parlant sous anonymat a déclaré que les deux rives de la rivière devraient recevoir le même traitement, même “s’il n’est pas facile pour nous de défendre un site dont nous avons aucun contrôle”.
Un fleuve-frontière et un champ de mine
Le site sur la rive israélienne a attiré de plus grandes foules que son homologue jordanien, en partie parce qu’il est sur une piste classique de pèlerinage en Terre Sainte. Les responsables israéliens ont déclaré accueillir un demi-million de visiteurs comparativement à plusieurs dizaines de milliers sur le côté jordanien. La plupart des matins, le site israélien est rempli de pèlerins tandis que celui de Jordanie à quelques pas, est remplie de boues et en grande partie vide.
Des fidèles d’Afrique du Sud qui chantent “Glory, Glory Hallelujah” accompagnés d’une guitare acoustique déclarent:”Il n’a pas d’importance pour nous que ce soit de ce côté de la rivière ou de l’autre côté de la rivière. Le fait que Jésus est venu ici, qu’il a été baptisé par Jean dans le Jourdain, cela juste est d’une importance capitale pour moi.”
La rivière est pourtant une frontière hostile et les tensions ne se sont soulagés qu’après un traité de paix en 1994. Au fil des années, Israël a accordé l’accès aux pèlerins et a ouvert Qasr al-Yahud aux visites quotidiennes après l’enlèvement des mines à proximité. Il faut toutefois savoir que des milliers de mines restent encore enterrés dans la région. En attendant, l’UNESCO a unilatéralement choisi d’avoir une attitude géopolitique.