Si la démission du Président Moubarak semble réjouir unanimement les chrétiens en Egypte, les inquiétudes quant à l'avenir demeurent nombreuses.
Zacharie*, un chrétien égyptien se veut réaliste. «Cette démission, c'est bien. Mais l'avenir nous inquiète. Il ne faut pas rêver. L'Egypte n'est pas prête à instaurer une démocratie à l'occidentale. De très nombreux égyptiens souhaitent un ordre islamique».
Selon son analyse, les Frères Musulmans évoqués dans les journaux occidentaux, ne représentent pas la seule menace. «Il y a beaucoup de mouvements similaires qui font la promotion de l'islam. Et ces mouvements sont très écoutés», assure-t-il.
Pour mieux s'en convaincre, il suffit d'observer l'évolution du pays au cours des vingt dernières années. Au début des années 90, une femme voilée faisait figure d'exception. Aujourd'hui, la majorité des femmes portent le hijab.
Zacharie s'inquiète tout d'abord de la possible application de l'article 2 de la Constitution, qui stipule que la loi islamique est la source de toute loi. «Jusqu'ici, cet article était lettre morte. S'il devait être appliqué, ce serait une catastrophe», redoute-t-il, en pensant notamment aux musulmans qui ont quitté l'Islam pour embrasser la foi chrétienne.
Pour sa part, le pasteur Georges* souhaite positiver : «Les gens ont peur de l'avenir, car la situation est très incertaine. Mais nous nous confions en Dieu, nous voulons croire en une nouvelle Egypte empreinte de démocratie et de liberté pour les chrétiens».
Le responsable de l'ONG Portes Ouvertes en Egypte, espère que l'appareil de l'Etat sera totalement renouvelé pendant cette phase de transition délicate et que la corruption disparaisse à tous les niveaux. Enfin, il se préoccupe du sort du grand nombre de pauvres vivant en Egypte et encourage l'Eglise à s'investir davantage.
Paul OHLOTT, avec l'ONG Open Doors.
*Prénom d’emprunt.