Les cachots
Les plus obstinés des galériens pour la Foi furent enfermés à Marseille dans les cachots du Fort Saint-Jean, du fort Saint-Nicolas ou du château d'If. La plupart y moururent.
David SERRES fut enfermé en juillet 1700dans le fort Saint-Nicolas. Il s'y trouvait déjà depuis deux ans, lorsque quelques lignes de son frère Jean nous donnent de ses nouvelles :
"Ce cher frère est dans un très mauvais cachot, privé entièrement du jour et si humide que même ses habits pourissent sur lui. C'est une grande merveille que Dieu lui conserve la vie dans une si affreuse caverne, car elle est à dix-sept ou dix-huit pieds sous terre. J'ai eu le bonheur de les y pouvoir visiter deux fois, et je puis vous assurer qu'ils y vivent fort contents et très soumis à la volonté de Dieu". Lui-même, dans une de ses lettre, écrira les magnifiques paroles suivantes : " Nos autres frères, qui sont dans les autres forts ou sur les galères ne sont guère mieux que nous. Et nous pouvons dire très certainement les uns et les autres, que si nous n'avions d'espérance en Christ qu'en cette vie seulement, nous serions les plus misérables de tous les hommes...
Il est vrai que la mort est la reine des épouvantements, mais c'est seulement à l'égard des mondains, et non à l'égard des fidèles qu'elle est un objet de terreur et d'effroi. La raison de cela, c'est que les mondains faisant consister tout leur bonheur dans la jouissance de cette vie temporelle et de ses vastes plaisirs, et n'envisagent la mort que comme le plus grand de tout les malheurs, et l'entière destruction de leur fausse félicité, ils ne sauraient y penser, sans être effrayés, et sans s'abandonner même à des pensées de désespoir et de débauche. "Mangeons et buvons, car demain nous mourrons", disent ces profanes. Mais les vrais chrétiens, loin de se laisser épouvanter par les pensées de la mort et d'en prendre occasion de se s' abandonner à la sensualité et aux délices du péché, tirent au contraire de cette méditation, des motifs de sanctification et de joie, pour mépriser les maux et les biens, les douceurs et les amertumes, les plaisirs et les afflictions de cette vie passagère..."