l'Université d'Assiout
Une bagarre a fait suite à une distribution de brochures chrétiennes par deux étudiantes coptes dans le dortoir des filles, samedi dernier, à l’université d’Assiout en Egypte. Les étudiantes musulmanes ont rejeté les livres « Le Seigneur t’appelle » et « Le navire du salut » et ont dénoncé les deux Coptes avant que n’éclatent les heurts qui ont duré jusqu’à dimanche trois heures du matin. Douze étudiantes et une surveillante ont été blessées.
Offrant des écrits chrétiens, les deux étudiantes ont encouragé leurs camarades musulmanes à se convertir au christianisme. Mécontentes, les musulmanes en sont venues aux mains avec les chrétiennes. Certaines étudiantes disent avoir prévenu la direction des dortoirs des actes de prosélytisme des deux Coptes sans que cette dernière ne réagisse. Quand la surveillante du bâtiment est intervenue, les deux parties l’ont frappée, selon le journal Egypt Independent, ce qui peut étonner, de tels actes pouvant coûter cher dans un pays où les chrétiens subissent des discriminations, parfois jusque devant la justice. Des dizaines de partisans des deux groupes ont manifesté près du dortoir en scandant des slogans religieux suite à l’appel des chrétiennes à leurs familles. A l’issue de sa visite, le président de l’université, Mostafa Kamal, n’a étonnamment pas fait donner de sanctions alors que les deux Coptes auraient pu craindre le contraire.
Un cas de tolérance du prosélytisme ?
C’est notamment accompagné des représentants de la sécurité militaire de l’université que son président s’est rendu sur les lieux. Après avoir apaisé l’ambiance, Mostafa Kamal a averti qu’en cas de nouvel incident de ce genre, toutes les étudiantes impliquées dans la bagarre seraient renvoyées et leurs examens annulés. Le choix du président a de quoi surprendre au vu de la situation des chrétiens en Egypte.
L’article 98 du Code pénal dispose que « Quiconque exploite la religion afin de promouvoir les idéologies extrémistes par le bouche à oreille, par écrit ou de toute autre manière, en vue d’attiser la sédition et qui dénigre ou insulte une religion ou ses adeptes et porte atteinte à l’unité nationale sera puni de six mois à cinq ans de prison ou d’une amende s’élevant au minimum à 500 livres égyptiennes. » Dans les faits, la loi sert à condamner des apostats de l’islam puisqu’ils sont perçus comme ayant injurié leur ancienne religion en la quittant. Il n’y a pas de condamnation dans l’autre sens pour qui abandonne le christianisme au profit de l’islam. Le prosélytisme chrétien est également considéré comme enfreignant cet article, et ceux qui témoignent de leur foi s’escriment à rester discrets, ainsi ce Copte qui a pris un mois avant de donner une Bible à son ami musulman curieux d’en savoir plus après avoir regardé « La Passion du Christ » de Mel Gibson.
Souhaitant parler de leur foi, les deux étudiantes chrétiennes ont bravé un interdit légal, celui d’évangéliser les musulmans. Si les non-musulmans ne peuvent éviter le prosélytisme musulman toute la journée, ils doivent se garder de témoigner de leur foi à leurs compatriotes de confession islamique. Pourtant, la direction des dortoirs aurait été prévenue de l’activité des deux étudiantes, ceci sans réagir le moins du monde. Et, malgré les affrontements, le président n’a pas cherché à appliquer la loi, ce qui revient à protéger les chrétiennes qu’il aurait pu accabler.
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