
Une femme dirige les combattants kurdes dans leur bataille contre les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) qui menacent de prendre la ville syrienne kurde de Kobané, frontalière de la Turquie, selon une Organisation non gouvernementale (ONG) et des militants.
« Mayssa Abdo, connue sous son nom de guerre de Narine Afrine, est aux commandes des Unités de protection du peuple à Kobané aux côtés de Mahmoud Barkhodan », a affirmé à l'AFP Rami Ab-del Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Les Unités de protection du peuple (YPG) résistent depuis le 16 septembre à la grande offensive de l'EI sur Kobané.
Comme il est d'usage pour les combattants kurdes, Mayssa porte un pseudonyme, en l'occurrence celui de sa région natale d'Afrine, un bastion kurde situé comme Kobané dans la province septentrionale d'Alep. « Ceux qui la connaissent disent qu'elle est cultivée, intelligente et flegmatique. Elle est soucieuse du mental des combattants et s'intéresse de près à leurs problèmes », affirme de son côté à l'AFP Mustefa Ebdi, un militant kurde originaire de Kobané. A 40 ans, Mayssa Abdo mène la bataille aux côtés de Mahmoud Barkhodan (Mahmoud le « résistant », en kurde).
Le 5 octobre, la combattante kurde Dilar Gencxemis, identifiée par son mouvement sous le nom de guerre d'Arin Mirkan, s'est donnée la mort en provoquant celle de « dizaines » de djihadistes aux abords de Kobané. Elle était la première kamikaze kurde recensée depuis le début de la guerre civile en Syrie en mars 2011.
En Irak, l'EI exécute les femmes
Les YPG sont la principale milice kurde syrienne et la branche armée du Parti de l'Union démocratique (PYD), le plus important parti politique kurde en Syrie. Ce parti laïque à tendance socialiste a réussi depuis le début de la guerre en Syrie à créer dans les zones kurdes un système d'autogestion grâce à des conseils locaux, décrit comme une expérience démocratique relativement réussie dans un pays régi par une autocratie depuis près d'un demi-siècle. Les femmes représentent 40 % de ces conseils.
L'EI prône de son côté une version extrême de l'islam et n'hésite pas à décapiter, à lapider et même à crucifier ceux qu'il considère comme ses ennemis dans les territoires qu'il contrôle en Syrie et en Irak.
En Irak, l'EI s'en prend maintenant aux femmes. Ces derniers jours, les djihadistes ont exécuté au moins quatre femmes, dont deux médecins et une ancienne députée, dans le nord de l'Irak, ont rapporté le 11 octobre des proches et des défenseurs des droits de l'Homme.
Selon Hanaa Edwar, une militante qui dirige l'association Al-Amal, au moins quatre autres femmes ont été exécutées par l'EI dans la région de Mossoul ces dernières semaines, dont une ancienne candidate à un conseil municipal et une académicienne. « Les femmes sont des cibles faciles pour eux. De nombreux militants des droits de l'Homme ont fui Mossoul mais certaines femmes parmi eux ont dû y rester avec leurs enfants », explique-t-elle.« Après les minorités ethniques et religieuses, ils pourchassent à présent les membres sunnites des groupes de la société civile et toute personne ayant un lien quelconque avec le gouvernement », précise-t-elle.
Avec AFP